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    • Ne faut-il pas imaginer de nouvelles formes, une façon de sociologiser dans et par la narration ?
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Des récits de papier aux récits 2.0





Sociologie narrative : des récits de papier aux récits 2.0


par
le 11 juin 2021

Université d’été de L’Atelier de Sociologie Narrative

« Des récits de papier aux récits 2.0
Témoignages, narrations et interprétations »

L’Université d’été « Témoignages, narrations et interprétations » a pour objectif de décliner les différentes dimensions de ce qui peut être qualifié de témoignage : comment s’élaborent les narrations, s’opèrent les interprétations, à partir de traces repérées dans des archives, témoins de la vie sociale et de leurs acteurs ?
Portées par le groupe de recherche Atelier de sociologie narrative réunissant des enseignant-es-chercheur-es et des étudiant-es des Universités de Bretagne Occidentale, Rennes 2, de Paris (Diderot), Paris 8 Saint-Denis et Paris 10 Nanterre, ces deux journées proposent aux participant-es de se demander quels indices sont susceptibles d’être identifiés, choisis, retenus par un-e narrateur-ice, comment ils font sens, sont traduits et interprétés. En quoi ce qui est vu, entendu, écouté, observé, lu, dessiné, photographié peut être raconté, transformé en témoignage, reconnu comme tel (par qui et pour qui) ?

En questionnant les procédures de mise en récit de bribes de vécus récupérés au gré des rencontres, des déambulations attentives, enquêtes ethnographiques et autres recherches fouillées, les participant-es raconteront leur exploration de matériaux de tous ordres, témoins d’existences particulières. Nous tenterons de saisir comment se déchiffrent des épisodes de vies, se décryptent des événements, s’opèrent des tris, comment se disent, se lisent et s’écrivent des fragments d’existence. Mais aussi comment l’imagination sociologique se re-déploie et s’invite dans les interstices de l’interprétation de situations sociales singulières, interprétation elle-même étayée par des connaissances et données objectives.

L’Université d’été s’organisera autour de quatre demi-journées composées :

D’ateliers participatifs d’écriture de sociologie narrative : ces ateliers permettront de questionner ce qui retient l’intérêt, la curiosité de celui-celle qui regarde et qui raconte : comment s’ordonnent des récits, à partir de quels morceaux, de quels vides, manques ou trop pleins rassemblés dans des archives écrites et photographiques ?

D’espaces de réflexion : les participant-es seront invité-es à interroger les forces individuelles et collectives des témoignages, leurs articulations avec les formes et les enjeux des narrations sociologiques et des récits ; ces espaces auront également vocation à poursuivre les discussions autour des projets scientifiques et politiques de la Sociologie narrative.

Un montage filmé des interventions et débats sera réalisé par Benjamin Durieux et diffusé à partir du 12 juillet 2021 dans le cadre du congrès annuel de l’ Association des sociologues de langue française sous le titre « Sociologie narrative : des récits de papier aux récits 2.0 ». Il sera également disponible sur le site de l’Atelier.

Les inscriptions à l’Université d’été sont obligatoires et gratuites (dans la limite des places disponibles). Les demandes sont à adresser Sophie Hellgouarch <Sophie.Hellegouarch@univ-brest.fr> .

Jeudi 1er juillet

Des témoins qui racontent aux images qui témoignent :
la sociologie narrative en pistes…

9h-11h
Projection du film "le Murmure des pierres" de Benjamin Durieux (26 minutes) en présence du réalisateur : le temps d’un été, un groupe d’archéologues s’affaire autour d’un abri sous roche isolé au milieu des bois. Jour après jour, ils observent minutieusement chaque détail au sol, collectant des fragments de pierre à la recherche d’une trace, d’un vestige issu d’un temps lointain, la Préhistoire, il y a 14 000 ans. Cette projection nous permettra d’ouvrir la journée sur des échanges autour de la construction d’un documentaire, et de partir sur de nouvelles pistes, de rechercher ce qu’elles disent de nous.

11h-13h
Ce premier espace de réflexion sera consacré au visionnage du film « « Cuentos de humo » (Contes de fumée) réalisé par Nataly Camacho (auteure) et Théo Zachmann (réalisateur). Le film (diffusé sur Arte le 8 mai 2021) raconte les pratiques et les histoires que se racontent les fumeurs de « Bazuco » de la ville de Bogota (Colombie). Imaginé et réalisé à partir de la thèse d’anthropologie de Nataly Camacho, le film use de plusieurs procédés narratifs permettant de condenser les témoignages issus des résultats de la recherche, qui feront l’objet des échanges en atelier avec les deux co-auteurs.

14h30-16h30
Ateliers d’écriture collective
 
« Deux cérémonies en images »,

L’objectif de cet atelier est d’interroger la façon dont nous appréhendons des situations sociales à partir d’images. Ces perceptions reposent sur des indices qui nous servent quotidiennement : habits, manières de se tenir ou de parler, aise ou malaise, etc. Cet atelier propose aux participant.e.s d’imaginer un récit à partir de photos prises au cours de deux cérémonies de mariage en 2015 : qui sont ces gens et que font-ils ? Quels sont leurs liens supposés et comment en être certain.e.s ? Ces photos nous permettent-elles d’élaborer un récit plausible des événements ? Si oui, quels « indices » retiennent notre attention, permettent de capter du réel ? Au contraire, les photos, privées de mouvement et de son, ne dissimulent-elles pas la réalité des situations, telles ces photos de famille figées du début du 20ème siècle, qui disent seulement ce que l’on veut montrer tant elles sont mises en scène (« une photographie ne parle pas », écrivions-nous sur le site de l’Atelier de sociologie narrative en octobre 2018) ?

« Un mois d’agenda »

Dans la poche ou dans le sac à main, sur la table de travail ou dans l’atelier, dans le sac à dos scolaire, dans l’iphone, l’agenda est à portée de main. Ouvert dix fois par jour, il indique ce qu’on a à faire ou ce qu’on devrait faire. Mais qu’est-ce qui m’oblige à faire ceci ou cela ? Pourquoi dois-je le noter ? Porteur du temps qui vient, l’agenda tient ensemble plusieurs calendriers : du travail, des fins de semaines, de la santé, de l’organisation familiale, de l’intime. En cela, ce petit carnet assure le passage de l’oral à l’écrit. Il ramasse en quelque sorte "la société jusqu’à soi" avec ses temps, ses rythmes, ses formes juridiques, ses ordres. On y écrit les choses qu’on doit faire, qu’on peut faire, qu’on a faite ou qu’on désire faire. Mais comment démêler tout ça ? Comment décomposer ces temps ? Dans quelle mesure noter, c’est domestiquer des contraintes sociales ? Comment notre vie est-elle produite, entraînée, bousculée par ces différentes notations ?

17h-19h 

Des récits de papier aux récits 2.0 : quels récits possibles ?

À l’issue du travail en atelier, nous procéderons à la mise en commun des récits ainsi produits dans le but d’interroger les moyens par lesquels nous déchiffrons et interprétons des informations partielles, traces ou archives des pratiques, expériences, événements et trajectoires sociales. Qui s’autorise et qu’est-ce qui autorise à (re)considérer ce dont témoignent des photos, des documents incomplets et comment ? De quoi et de qui les narrateurs sont-ils les témoins ? Comment la forme narrative (re)construit-elle des témoignages ?
De ce qui précède peut-on conclure sur la façon dont on procède ? Ou devrait procéder ? La recherche expérimentale menée depuis 2013 par l’Atelier de sociologie narrative a voulu se différencier des grilles de lecture classiques par lesquelles les sciences sociales ont tantôt tenté de passer des fragments au tout et tantôt du tout aux fragments. Ambitionnant de démontrer que la force du récit était capable de déplacer les points de vue, cet essai de sociologie narrative a-t-il mérité qu’on lui consacre plus qu’une heure de peine et l’impulsion de départ peut-elle se transformer en une énergie continuée ? Pour répondre à cette question, ne faut-il pas sortir de ses routines, mettre provisoirement de côté son programme de recherche, et se demander en quoi cette échappée permet des passages de témoin entre l’Académie, ses périphéries, et les autres mondes sociaux ?

Vendredi 2 juillet

9h30-12h30

Atelier collectif
« Montages de fragments de vie inclassables »

Trouvées en mai 2018, dans une poubelle à Paris, des liasses de documents nous livrent des fragments de vie de JP, depuis sa naissance en 1921. Une première tentative a été menée de suivre sa ligne de vie selon une chronologie dictée par une lecture linéaire des documents institutionnels, des dessins un peu effacés et des lettres datées des parents, d’amis ... Et puis il y a ces petits papiers froissés avec des écrits, souvent non datés, difficilement classables, qui nous attirent ou nous agacent. Pourquoi résistent-ils au classement ? Quelle est l’histoire, quelles sont les émotions qu’ils renferment, quels condensés de vie évoquent-ils, au point d’occuper une place parmi ces documents administratifs ? Quels rôles peuvent-ils jouer pour saisir quelles intrigues ? Nous proposons ici un atelier participatif de production de sociologie narrative à partir de fragments de vie de JP, pour tenter de la raconter à partir du récit de l’opération de montage. Il s’agira d’explorer les découpages, collages, opérés sur des morceaux d’archives ; repérer et tracer des lignes de vie, des points de fuite, créer des continuités, esquisser des bifurcations inattendues, expliciter tel choix d’associer tels fragments de vie de JP dans tel ordre.

14h-17h

La sociologie narrative en pistes :
redire et encore écrire les libertés académiques

Ce deuxième espace de réflexion collective permettra de poursuivre les discussions entamées autour des intrigues mises en récit pendant les deux jours, leurs modes de construction et leur articulation avec d’autres formes de récits propres aux sciences sociales. En questionnant la légitimité à trier des fragments de vie d’inconnu-es, en interrogeant les angles d’approche de ces bribes d’existence, les classements proposés, les (dés)ordres présumés et révélés, il s’agira de réfléchir aux orientations scientifiques et politiques de la Sociologie narrative. Quelles places occupe-t-elle dans les sciences sociales et la littérature au 21e siècle ? Quels enjeux à qualifier (et comment) les contributions publiées sur le site Atelier de sociologie narrative http://sociologie-narrative.lcsp.univ-paris-diderot.fr  ? Comment assumer une position marginale revendiquée et quels chemins de traverses sillonner pour prolonger des pistes mettant aussi au cœur du projet les libertés à Dire et écrire les mondes sociaux ?





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